Les interventions de la FSU-SNUipp au Conseil supérieur de l’éducation ont abouti à des votes écrasants contre les nouveaux programmes. Malgré ce rejet de la communauté éducative, des programmes de français et maths à contre-sens des enjeux d’une école émancipatrice entrent en vigueur dans toutes les classes primaires (sauf CM2) à la rentrée 2025. Le travail syndical doit se poursuivre.
Pourquoi des nouveaux programmes ? A la dernière UDA, Sylvie Plane, linguiste et ex-vice présidente du Conseil supérieur des programmes jusqu’à l’arrivée de JM Blanquer, en donnait trois raisons : détourner de la question des inégalités, préparer à PISA dès la maternelle et mettre au pas les enseignant.es. Il est vrai que la volonté d’abandonner le principe même d’une école égalitaire est de plus en plus claire, singulièrement avec les groupes de niveaux au collège. Pour le deuxième point, le triomphe des indicateurs au détriment du réel des apprentissages est patent, notamment avec les résultats de l’école aux évaluations nationales au cœur du nouveau référentiel de la direction d’école qui doit être publié prochainement. Et la « mise au pas » concerne tout le monde, puisque des CPC reçoivent des diaporamas tout prêts pour la « formation » / formatage à ces nouveaux programmes.
Le problème central de ces programmes est l’abandon des langages. Concrètement, dès la PS, il faudrait par exemple entraîner les enfants (même pas encore élèves) à une prononciation correcte des phonèmes, plutôt que de permettre qu’ils se lancent dans les échanges oraux pour développer tout à la fois leur pensée, leur compréhension du monde qui les entoure, leur capacité d’expression et d’interactions. Même logique pour la lecture ou l’écriture en cycle 2 : sous prétexte de passer du « simple » au complexe, les syllabes, les pseudos-mots et la fluence écrasent l’idée même que lire, c’est comprendre. En maths, les craintes de Rémi Brissiaud se confirment, avec un fort risque que le comptage-numérotage se substitue à la construction du nombre comme quantité… Si les programmes de cycle 3 sont moins néfastes, ils arrivent après les programmes de cycles 1 et 2 qui sont de graves menaces pour les enfants dont la famille n’assurera pas l’appropriation des langages, du sens et donc in fine des savoirs nécessaires à la réussite scolaire.
Plus que jamais, la FSU-SNUipp a donc un rôle majeur de partage d’analyses avec la profession. Dans tous les départements, organisons la réappropriation du métier, au service de l’école que nous voulons : égalitaire et émancipatrice.