3 questions à …

Rivomalala Rakotondravelo, Co-SD de la section FSU-SNUipp de Mayotte.

  1. Trois semaines après Chido, où en est Mayotte ? 

Nous en sommes à des milliers de blessés auxquels s’ajoutent les traumatismes psychologiques . Sans recherche dans les bidonvilles et sans recensement des personnes en situation irrégulière, il est impossible d’estimer le nombre de victimes. Nous n’avons pas pu contacter les familles et ne savons pas où sont nos élèves, s’ils sont blessés, ou même pire. Les enseignants et les enseignantes craignent de le découvrir à la rentrée. Côté infrastructures, l’électricité revient à certains endroits mais pas partout, comme le réseau internet et de téléphonie. Énormément de bâtiments ont été endommagés sans qu’un bilan chiffré puisse être établi. L’eau courante revient par intermittence, entre 8 à 10h par jour mais pas tous les jours encore.

  1. Quel rôle joue le syndicat ?

La SD FSU-SNUipp se mobilise pour accueillir les élèves, ce qui  nécessite de garantir leur sécurité physique, avec des bâtiments sans risque d’effondrement, reliés à l’électricité, l’eau courante… Il est primordial que la commission sécurité et la formation spécialisée vérifient ces conditions, y compris dans les tentes-écoles prévues en cette saison chaude et humide. Prendre en charge la détresse des élèves dont certains ont perdu proches et logement est tout aussi capital. Certains collègues, durement touchés, ne sont pas en capacité de gérer la situation et ont besoin d’accompagnement. Certains sont partis dans l’hexagone ou à la Réunion sans certitude sur leur retour. C’est en montrant la réalité que de véritables solutions humaines pourront être mises en place. Un préavis de grève intersyndical a été déposé pour exiger les moyens d’accueillir les élèves dans de bonnes conditions ainsi que l’aide nécessaire aux personnels. Les coupures de réseaux rendent la communication et la coordination difficiles. Mais nous travaillons sans relâche pour faire entendre ces problématiques. 

  1. Quelles revendications portez-vous ? 

Rebâtir l’ensemble des services publics, qui étaient déjà dégradés, est primordial. L’Etat doit reprendre la main sur les écoles, les classer toutes en REP+, mais aussi travailler sur l’attractivité. L’aide exceptionnelle n’a concerné qu’une infime partie des collègues. Tous ont besoin de garanties pérennes, comme l’augmentation du taux d’indexation des salaires. La scolarisation est essentielle pour ces élèves dont la grande majorité est en situation de grande pauvreté. Avec moins de capacités d’accueil, il faut augmenter les rotations pour que tous les élèves puissent en bénéficier. Une année blanche est inenvisageable.