Unité et Action CDFN FSU DES 23 et 24 SEPTEMBRE 2025

Le mouvement social contre le chaos


Les gouvernements autoritaires et les extrêmes-droites au pouvoir dans de nombreux pays continuent à entraîner le monde vers le chaos et la violence, favorisant toutes les prédations. Tous les jours, le droit international est remis en cause au détriment de la sécurité mondiale et des peuples. La légitimité de l’ONU est de fait remise en cause, sa capacité de régulation affaiblie. Elle est impuissante à faire respecter ses résolutions face à des puissances militaires ou à des États refusant toute forme de contrainte juridique ou morale.

Ce recul du droit est un danger pour toutes et tous. Il crée un monde plus instable, plus violent, où la loi du plus fort tend à remplacer les règles communes et la résolution pacifique des conflits. Cette situation appelle à une réaction ferme et collective de la part des forces progressistes, en particulier des organisations syndicales attachées à la paix et à la justice.

À Gaza, les forces israéliennes, sur ordre du gouvernement de B. Netanyahu ont entamé une offensive « sans précédent » sur Gaza-Ville, dans laquelle il y avait encore un million d’habitant·es selon les estimations de l’ONU. La famine continue à être utilisée comme arme de guerre, entraînant la mort de milliers de civils, dont de nombreux enfants. Dans le même temps, Israël poursuit et amplifie la colonisation de la Cisjordanie.

Devant de tels drames, il n’est plus temps de tergiverser. La reconnaissance de l’État de Palestine par la France et quelques autres pays lors de l’Assemblée générale des Nations Unies est un premier pas mais qui ne suffira pas. Les sanctions les plus fortes doivent être appliquées sans délai à l’encontre de l’Etat d’Israël, tant que ses dirigeants poursuivent ces crimes. Les mobilisations dans le cadre du collectif pour une paix juste et durable doivent pousser les gouvernements européens à suspendre l’accord de coopération UE-Israël. À l’image de l’Espagne, les services de police et de justice doivent aider la CPI dans ses enquêtes ouvertes sur la violation des droits humains. L’impunité à l’égard du gouvernement israélien doit cesser. La France et les autres pays européens doivent stopper, enfin, toute livraison d’armes ou de matériels nécessaires à leur fabrication.

En Ukraine, la guerre continue là aussi à faire rage. Les initiatives prises fin août par les États-Unis n’ont mené à rien. La Russie poursuit ses attaques sur le pays qui frappent les populations civiles. Dans le même temps, de plus en plus de violations des espaces aériens des pays d’Europe de l’Est sont constatées. Ces provocations ne font que renforcer la tension et fragilisent la paix.

Pour Unité-action, la recherche de la paix par la voie diplomatique doit se poursuivre et c’est aux pays européens de prendre des initiatives, indépendamment du spectacle et du calendrier imposé par D. Trump.

Pour Unité-Action, les actions en faveur de la paix doivent faire pression sur les gouvernements français et européens pour pousser aux voies diplomatiques et prendre les sanctions nécessaires et suffisantes contre les fauteurs de guerre. Le choix d’imposer 44 milliards d’euros d’économies tout en augmentant les dépenses du ministère de la défense ne fera qu’ajouter au désordre mondial et va à l’encontre d’une désescalade et d’une résolution pacifique des conflits.

Depuis quelques temps, des tensions sont vives entre certains pays et la France. C’est le cas avec l’Algérie ou le Mali. Des ministres français, notamment B. Retailleau sur la question algérienne prennent des positions publiques provocatrices et jettent de l’huile sur le feu. Là aussi, il est temps de revenir à la raison, au respect de tous les acteurs, particulièrement ceux qui se sont libérés des dominations coloniales auxquelles la France a tant contribué.

En France, la crise politique n’a aucune raison d’être réglée sans un changement profond d’orientation. Ce sont en effet des années de politiques néolibérales imposées au mépris de la démocratie et des attentes sociales qui fragmentent la société. Sans un changement de cap radical en matière économique et sociale, sans réponses aux revendications exprimées lors des manifestations, la crise démocratique et politique que traverse le pays ne trouvera pas d’issue.

Les annonces budgétaires de F. Bayrou en juillet, d’une grande violence, ont provoqué un tollé de l’ensemble des organisations syndicales. Au niveau interprofessionnel, l’intersyndicale à 8 s’est reconstituée rapidement pour une première réponse. Cette rapidité est le signe que le conflit ouvert au moment de la réforme des retraites de 2023 n’est toujours pas clos.

Par les mobilisations que l’intersyndicale a su initier (pétition « stopbudgetbayrou », appel à la grève interprofessionnelle le 18 septembre) ou soutenir, comme le 10 septembre, la question sociale est revenue au premier plan en cette rentrée. Ce faisant, elle a pu imposer son calendrier et ses analyses, reléguant pour le moment les discours réactionnaires et l’extrême droite en arrière-plan.

La nomination rapide de S. Lecornu après le renversement de F. Bayrou n’est qu’un changement de casting pour poursuivre la politique décidée depuis l’Élysée. Le nouveau Premier ministre ne semble pas pressé de constituer son gouvernement et pendant ce temps, les ministres démissionnaires ne se limitent pas aux affaires courantes et poursuivent la mise en œuvre d’une politique pourtant rejetée. Les premières annonces de Lecornu et la mise en place de la mission « État efficace » est troublante de similitudes avec le DOGE d’Elon Musk. La satisfaction de voir le SNU supprimé à cette occasion (remplacé par le service militaire volontaire) ne doit pas masquer les dangers d’une telle mission.

Néanmoins, le gouvernement est en position de faiblesse et les organisations progressistes doivent en tirer parti par la construction d’un rapport de force, d’où la nécessité de rechercher l’unité la plus complète, car on sait combien elle pèse dans le développement de mobilisations majoritaires.

Si les manifestations du 10 septembre ont été une réussite, celles du 18 ont vu le nombre de participant·es doubler, signe que la mobilisation prend de l’ampleur. La suite de l’action devra donc articuler la dynamique actuelle avec le temps long du débat budgétaire. L’ultimatum lancé par l’intersyndicale au lendemain du 18 septembre a connu une première réponse avec la proposition de rencontre de l’intersyndicale ce 24 septembre. Les suites de l’action dépendront en partie des résultats de cette réunion, mais il faut nous préparer à des suites rapides et unitaires. Certains secteurs pourraient aussi entamer des actions de grèves plus longues en fonction des analyses des syndicats nationaux concernés. De toute évidence, il faudra maintenir un rapport de force de haut niveau pour profiter de la faiblesse du gouvernement. En effet, le MEDEF, mesurant que l’opinion publique penche du côté de la taxation des hauts revenus et des grandes entreprises, commence lui aussi à paniquer et menace de mobilisations. Le ridicule de tels propos confirme en tout cas une certaine fébrilité du patronat et par extension du pouvoir en place.

Ridicules, les prises de positions du ministre de l’intérieur B. Retailleau sont également dangereuses pour les libertés. Qualifiant « d’ultra gauche » le mouvement du 10, puis du 18 septembre, il a mobilisé plus de 80 000 policiers et gendarmes à l’occasion de ces deux journées, avec des moyens matériels considérables. Cette militarisation du maintien de l’ordre, accompagné de violences policières signe une dérive sécuritaire et autoritaire. Elle démontre également la volonté de faire monter les tensions et de pousser aux débordements. Unité Action apporte notamment tout son soutien à notre camarade du SNEP-FSU 93 et exige, avec la FSU, l’abandon de toute poursuite.

La recherche de l’unité dans l’action et l’élévation du niveau du rapport de force sont nécessaires pour faire face à la politique mise en œuvre par le gouvernement. La FSU doit notamment continuer à échanger régulièrement avec les organisations politiques (du périmètre NFP) pour alimenter leur perception du monde du travail et convaincre de la justesse de nos revendications. Gagner sur nos revendications et pour cela imposer un budget de justice sociale, environnementale et fiscale, telles sont les finalités qui guideront Unité-Action lors de ce CDFN.

Rachel Schneider, Emmanuel Mercier, Valérie Poyet, Thierry Quétu